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sion de retourner à Paris auprès de son frère. Elle me répondit sur-le-champ que j’étais la maîtresse de faire tout ce que je voudrais, qu’elle me conserverait son amitié dans tous les temps ; elle ajoutait que Senneval n’était point encore de retour, qu’on ignorait sa retraite, et que j’étais une folle de m’affliger de toutes ces misères.

Cette lettre reçue, je revins à Paris, et courus me jeter aux genoux de monsieur de Saint-Prât ; mon silence et mes larmes lui apprirent bientôt mon infortune ; mais j’eus l’attention de m’accuser seule, je ne lui parlai jamais des séductions de sa sœur. Monsieur de Saint-Prât, à l’exemple de tous les bons caractères, ne soupçonnait nullement les désordres de sa parente, il la croyait la plus honnête des femmes ; je lui laissai toute son illusion, et cette conduite que madame de Verquin n’ignora point, me conserva son amitié.

Monsieur de Saint-Prât me plaignit… me fit vivement sentir mes torts, et finit par les pardonner.