Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sermens d’amour auxquels nous avons la folie de croire ! plus nous sommes sensibles, plus nos séducteurs nous délaissent… les perfides !… ils s’éloignent de nous, en raison du plus de moyens que nous avons employés pour les retenir.

Senneval avait pris son enfant, il l’avait placé dans une campagne où il me fut impossible de le découvrir… il avait voulu me priver de la douceur de chérir et d’élever moi-même ce tendre fruit de notre liaison ; on eut dit qu’il desirait que j’oubliasse tout ce qui pouvait encore nous enchaîner l’un à l’autre, et je le fis, ou plutôt je crus le faire.

Je me déterminai à quitter Metz dès l’instant et à ne point retourner à Nancy ; je ne voulais pourtant pas me brouiller avec madame de Verquin ; il suffisait malgré ses torts qu’elle appartint d’aussi près à mon bienfaiteur, pour que je la ménageasse toute ma vie ; je lui écrivis la lettre du monde la plus honnête, je prétextai, pour ne plus reparaître dans sa ville, la honte de l’action que j’y avais commise, et je lui demandai la permis-