Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonne aussi respectable ? — Respectable ?… ah ! pas un mot, je vous assure ma chère que le respect est de tous les sentimens celui que je me soucie le moins de faire naître, c’est l’amour que je veux inspirer… mais du respect, ce sentiment n’est pas encore de mon âge. Imite moi ma chère, et tu seras heureuse… À propos, as tu remarqué Senneval, ajouta cette sirène, en me parlant d’un jeune officier de dix-sept ans qui venait très-souvent chez elle. Pas autrement, madame, répondis-je, je puis vous assurer que je les vois tous avec la même indifférence. — Mais voilà ce qu’il ne faut pas ma petite amie, je veux que nous partagions dorénavant nos conquêtes… il faut que tu aies Senneval, c’est mon ouvrage, j’ai pris la peine de le former, il t’aime, il faut l’avoir… — Oh ! madame, si vous vouliez m’en dispenser, en vérité je ne me soucie de personne. — Il le faut, ce sont des arrangemens pris avec son colonel, mon amant du jour, comme tu vois. Je vous conjure de me laisser libre sur