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ne vous réussiraient, il est impossible de vous en apprendre davantage ».

Les honnêtes personnes chez lesquelles j’avais été déposée, m’accueillirent aussi-tôt, m’élevèrent, prirent de moi tous les soins possibles, et je puis dire que je leur dois tout. Comme rien n’indiquait mon nom, il plût à madame de Saint-Prât de me donner celui de Florville.

Je venais d’atteindre ma quinzième année, quand j’eus le malheur de voir mourir ma protectrice ; rien ne peut exprimer la douleur que je ressentis de cette perte ; je lui étais devenue si chère, qu’elle conjura son mari, en expirant, de m’assurer quatre mille livres de pension et de ne me jamais abandonner ; les deux clauses furent exécutées ponctuellement, et monsieur de Saint-Prât joignit à ces bontés celle de me reconnaître pour une cousine de sa femme, et de me passer, sous ce titre, le contrat que vous avez vu. Je ne pouvais cependant plus rester dans cette maison, monsieur de Saint-Prât me le fit sentir. Je suis veuf,