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L’ami de monsieur de Courval le satisfit bientôt ; trois jours après il lui donna à dîner chez lui avec la demoiselle dont il s’agissait. Il était difficile de ne pas être séduit au premier abord de cette fille charmante ; c’étaient les traits de Minerve elle-même, déguisés sous ceux de l’amour. Comme elle savait de quoi il était question, elle fut encore plus réservée, et sa décence, sa retenue, la noblesse de son maintien, jointes à tant de charmes physiques, à un caractère aussi doux, à un esprit aussi juste et aussi orné, tournèrent si bien la tête au pauvre Courval, qu’il supplia son ami de vouloir bien hâter la conclusion.

On se revit encore deux ou trois fois, tantôt dans la même maison, tantôt chez monsieur de Courval, ou chez monsieur de Saint-Prât, et enfin, mademoiselle de Florville instamment pressée, déclara à monsieur de Courval que rien ne la flattait autant que l’honneur qu’il voulait bien lui faire, mais que sa délicatesse ne lui permettait pas de rien accepter avant qu’il ne fût instruit par