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livra dès qu’elle fut en paix à toute l’amertume de sa douleur.

Ô mon cher Goé, s’écriait-elle au milieu de ses sanglots, comme la main de Dieu me punit de la trahison que je t’ai faite ! je suis à jamais perdue, une retraite impénétrable va m’ensevelir aux yeux de l’univers, il me deviendra même impossible de t’instruire des malheurs qui m’accableront, et quand on ne m’en empêcherait pas, l’oserais-je après ce que je t’ai fais ? serais-je encore digne de ta pitié… et vous mon père… et vous ma respectable mère, vous dont les pleurs ont mouillé mon sein, pendant qu’enivrée d’orgueil, j’étais presque froide à vos larmes, comment apprendrez-vous mon effroyable sort ?… À quel âge, grand Dieu me vois-je enterrée vive avec de tels monstres, combien d’années puis-je encore souffrir dans cette punition terrible ; ô scélérat comme tu m’as séduite et comme tu m’as trompée !

Mademoiselle de Faxelange (car son nom de femme nous répugne mainte-