Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tut. On arriva dans une tanière dont les abords faisaient frémir ; mais quel fut l’étonnement de la malheureuse Faxelange, quand elle entendit la maîtresse de cette effrayante taverne, plus affreuse encore que son logis… quand elle l’entendit dire au prétendu baron, ah ! te voilà, Tranche-Montagne, tu t’es fait diablement attendre ; fallait-il donc tant de temps pour aller chercher cette fille ? Va, il y a bien des nouvelles depuis ton départ, la Roche a été branché hier aux Terreaux… Casse-Bras est encore en prison ; on lui fera peut-être son affaire aujourd’hui ; mais n’aie point d’inquiétude, aucun n’a parlé de toi, et tout va toujours bien là-bas, ils ont fait une capture du diable ces jours-ci, il y a eu six personnes de tuées, sans que tu y aies perdu un seul homme. Un frémissement universel s’empara de la malheureuse Faxelange… Qu’on se mette un instant à sa place, et qu’on juge de l’effet affreux que devait produire sur son âme délicate et douce, la chûte aussi subite de l’illusion qui la séduisait. Son mari s’apperce-