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crifie mon amour… Ah ! les vaines fleurettes qui me séduisent… valent-elles ces expressions délicieuses de Goé… ces sermens si sacrés de l’adorer toujours… ces larmes du sentiment qui les accompagnent… Ô dieu ! que de regrets, si j’allais être trompée ; mais pendant toutes ces réflexions, on parait la divinité pour une fête, on l’embellissait des présens de Franlo, et elle oubliait ses remords.

Une nuit, elle rêva que son prétendu, transformé en bête féroce, la précipitait dans un gouffre de sang où surnageait une foule de cadavres, elle élevait en vain sa voix pour obtenir des secours de son mari, il ne l’écoutait pas… Goé survient, il la retire, il l’abandonne… elle s’évanouit… Ce rêve affreux la rendit malade deux jours ; une nouvelle fête dissipa ces farouches illusions, et mademoiselle de Faxelange, séduite, fut au point de s’en vouloir à elle-même de l’impression qu’elle avait pu ressentir de ce chimérique rêve[1].

  1. Les rêves sont des mouvemens secrets