Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parens. Mais le cœur de mademoiselle de Faxelange n’avait pas attendu l’aveu des auteurs de ses jours pour oser se donner tout entier, il y avait plus de trois ans qu’elle n’en était plus la maîtresse. Monsieur de Goé qui lui appartenait un peu, et qui allait souvent chez elle à ce titre, était l’objet chéri de cette tendre fille ; elle l’aimait avec une sincérité… une délicatesse qui rappellaient ces sentimens précieux du vieil âge, si corrompus par notre dépravation.

Monsieur de Goé méritait sans doute un tel bonheur ; il avait vingt-trois ans, une belle taille, une figure charmante, et un caractère de franchise absolument fait pour sympathiser avec celui de sa belle cousine ; il était officier de dragons, mais peu riche ; il lui fallait une fille à grosse dot, ainsi qu’un homme opulent à sa cousine, qui, quoiqu’héritière, n’avait pourtant pas une fortune immense, ainsi que nous venons de le dire, et par conséquent tous deux voyaient bien que leurs intentions ne seraient jamais remplies, et que les feux dont ils brûlaient