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coup plus de candeur et de bonne-foi, que d’astuce et de méfiance.

Mademoiselle de Faxelange venait d’atteindre sa seizième année ; elle avait une de ces espèces de figures romantiques, dont chaque trait peint une vertu ; une peau très-blanche, de beaux yeux bleus, la bouche un peu grande, mais bien ornée, une taille souple et légère, et les plus beaux cheveux du monde. Son esprit était doux comme son caractère ; incapable de faire le mal, elle en était encore à ne pas même imaginer qu’il pût se commettre ; c’était, en un mot, l’innocence et la candeur embellies par la main des Grâces. Mademoiselle de Faxelange était instruite ; on n’avait rien épargné pour son éducation ; elle parlait fort bien l’anglais et l’italien, elle jouait de plusieurs instrumens, et peignait la miniature avec goût. Fille unique, et destinée, par conséquent, à réunir un jour le bien de sa famille, quoique médiocre, elle devait s’attendre à un mariage avantageux, et c’était depuis dix-huit mois la seule occupation de ses