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même du cœur de son amant… elle s’approche… sous le prétexte de guider ses pas, une de ses mains s’assure du corps de Granwel, elle y plonge de l’autre l’arme qu’elle tient, et le scélérat roule à terre en blasphémant le Ciel, et la main qui le frappe.

Henriette sort aussi-tôt de cette chambre, elle gagne en tremblant le lieu funèbre où repose Williams ; elle tient une lampe à la main, de l’autre le poignard ensanglanté dont elle vient de servir sa vengeance… Williams, s’écrie-t-elle, le crime nous désunit, la main de Dieu va nous rejoindre… reçois mon ame, ô toi que j’idolâtrai toute ma vie, elle va s’anéantir dans la tienne pour ne s’en séparer jamais…… À ces mots elle se frappe, et tombe en palpitant sur ce corps froid que par un mouvement involontaire, sa bouche presse encore de ses derniers baisers.

Ces funestes nouvelles arrivèrent bientôt à Londres. Granwel y fut peu regretté. Depuis long-temps ses travers le rendaient odieux. Gave craignant