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saient pas, le duc accepta tout, bien sûr que Castelnau pris en armes, ne pourrait pas lui échapper, et qu’il serait toujours le maître de Juliette, en tenant dans ses mains la destinée du baron. L’édit se publia ; on se crut tranquille à Amboise ; les troupes se dispersèrent dans les environs, et cette sécurité pensa coûter bien cher.

Tel fut l’instant que Raunai crut propice pour se rapprocher de Juliette. Il enflamme ses camarades ; il leur fait voir qu’Amboise, dégarnie, n’est plus en état de tenir contre eux ; qu’il est temps d’aller délivrer la cour de l’indigne esclavage où la tiennent les Guises, et d’obtenir d’elle, non de vaines lettres de rémission, sur lesquelles il est impossible de compter, et qui ne servent qu’à prouver et la faiblesse du gouvernement et l’excessive crainte qu’on a d’eux, mais l’exercice assuré de leur religion, et la pleine liberté de leurs prêches. Raunai, bien plus excité par l’amour que par quelqu’autre cause que ce pût être, empruntant l’éloquence de ce dieu pour convaincre ses amis, trouva bientôt dans