Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les démarches de Juliette n’étaient plus qu’un jeu, ayant plus que jamais le dessein de la conserver près de lui, se résolut enfin à la faire expliquer, et à n’agir pour ou contre le père, qu’en raison de ce que répondrait la fille. Il l’envoie prendre.

Juliette, lui dit-il d’un air sombre, tout ce qui vient de se passer, me convainc suffisamment que les dispositions de votre père sont bien éloignées d’être telles qu’il vous a plu de me le persuader ; les papiers de la Renaudie nous instruisent. À quoi me servirait-il de vous présenter à la reine ? et qu’oseriez-vous dire à cette princesse ? — Monsieur le duc, répond Juliette, je n’imaginais pas que la fidélité d’un homme qui a si bien servi sous vos ordres, qui s’est trouvé dans plusieurs combats à vos côtés, et duquel vous devez connaître les sentimens et le courage, pût jamais vous devenir suspecte. — Les nouvelles opinions ont corrompu les âmes ; je ne reconnais plus le cœur des Français ; tous ont changé de caractère, en adoptant ces coupables