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ne cesserons d’être persuadés, qu’il faut mieux inventer, fût-on même faible, que de copier ou de traduire ; l’un a la prétention du génie, c’en est une au moins ; quelle peut être celle du plagiaire ? Je ne connais pas de métier plus bas, je ne conçois pas d’aveux plus humilians que ceux où de tels hommes sont contrains, en avouant eux-mêmes, qu’il faut bien qu’ils n’aient pas d’esprit, puisqu’ils sont obligés d’emprunter celui des autres.

À l’égard du traducteur, à Dieu ne plaise que nous enlevions son mérite ; mais il ne fait valoir que nos rivaux ; et ne fût-ce que pour l’honneur de la patrie, ne vaut-il pas mieux dire à ces fiers rivaux, et nous aussi nous savons créer.

Je dois enfin répondre au reproche que l’on me fit, quand parut Aline et Valcourt. Mes pinceaux, dit-on, sont trop forts, je prête au vice des traits trop odieux ; en veut-on savoir la raison ? je ne veux pas faire aimer le vice ;