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que situation que l’ait placé la nature ou le sort, s’il veut connaître les hommes, qu’il parle peu quand il est avec eux ; on n’apprend rien quand on parle, on ne s’instruit qu’en écoutant ; et voilà pourquoi les bavards ne sont communément que des sots.

O toi qui veux parcourir cette épineuse carrière ! ne perds pas de vue que le romancier est l’homme de la nature, elle l’a créé pour être son peintre ; s’il ne devient pas l’amant de sa mère dès que celle-ci l’a mis au monde, qu’il n’écrive jamais, nous ne le lirons point ; mais s’il éprouve cette soif ardente de tout peindre, s’il entr’ouvre avec frémissement le sein de la nature, pour y chercher son art et pour y puiser des modèles, s’il a la fièvre du talent, et l’enthousiasme du génie, qu’il suive la main qui le conduit, il a deviné l’homme, il le peindra ; maîtrisé par son imagination qu’il y cède, qu’il embellisse ce qu’il voit : le sot cueille une rose et l’é-