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d’accepter au moins le titre de son épouse, et de lui permettre d’en hâter la cérémonie. Ce serait un regret déchirant pour moi dit Dolsé…… de quelles larmes amères n’arroserais-je pas mon tombeau en y descendant votre épouse, j’aime mieux mourir avec la douleur de n’en avoir pas mérité le titre, que de l’accepter à l’instant cruel où je ne puis m’en rendre digne… non, vivez cher Ceilcour, vivez, et oubliez-moi ; vous êtes bien jeune encore, dans quelques années, tous les souvenirs d’une amie de quelques jours se seront effacés de votre cœur… à peine vous semblera-t-il qu’elle ait existé pour vous. Si vous daignez pourtant y penser quelquefois, que cette amie que vous allez perdre, ne s’offre à vous que pour votre consolation ; rappellez le peu d’instans que nous passâmes ensemble, et que cette idée agitant doucement votre âme, la console sans la déchirer. Mariez-vous, mon cher Ceilcour, vous le devez à votre fortune, à votre famille ; tâchez que celle que vous choisirez ait quelques-unes des