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autant par les divers morceaux qui s’exécutent, que par la différence des instrumens. L’on entend de ce côté des flûtes mêlées aux sons des harpes et des guittares ; ailleurs, ce ne sont que des voix ; ici, des haut-bois et des clarinets ; là, des violons et des basses ; et par-tout de l’ensemble et de l’accord.

Ces sons flatteurs et mélodieux… ce bruit sourd des rames qui s’abaissent de partout en cadence… ce calme pur et serein de l’atmosphère, cette multitude de feux répétés dans les glaces de l’onde… ce silence profond, pour qu’on ne puisse entendre que ce qui sert à la majesté de la scène… tout séduit et enivre les sens, tout plonge l’âme dans une mélancolie douce, image de cette volupté divine qu’elle se peint dans un monde meilleur.

L’on entrevoit enfin l’île de Diamans, le génie de la lune se hâte de la faire appercevoir à celle qu’il y conduit ; il était aisé de la distinguer, non-seulement par les rayons lumineux qui s’en échappaient de tout côté, mais plus encore au bâti-