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tout ce qui peut le renouveller, et puisque nous sommes l’un et l’autre assez coupables… vous, pour avoir mal connu l’amour, moi, pour en avoir trop présumé, dérobons-nous pour toujours à tout ce qui pourrait multiplier nos torts en en facilitant la rechûte.

Tous deux revinrent au bal ; un peu avant que d’entrer, Dolsé prit la main de Ceilcour. Mon cher ami, lui dit-elle, vous voilà maintenant pardonné de bonne foi… ne m’accusez ni de pruderie ni de sévérité, j’aspire réellement à votre cœur, et ma faiblesse me l’eût fait perdre… m’appartient-il encore tout entier ? — Ô Dolsé ! vous êtes la plus sage… la plus délicate des femmes et vous serez toujours la plus adorée.

On ne pensa plus qu’au plaisir… Ceilcour enchanté de son opération, se dit au comble de la joie… Voilà la femme qui me convient, c’est celle-là qui doit faire mon bonheur, la seconde et nouvelle épreuve où je veux la mettre encore, avec une âme comme la sienne, devient presqu’inutile ; il ne doit pas