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instans la possibilité de se rendre heureux… Cet asyle solitaire… le silence profond qui règne autour de nous… ce sentiment dont nous brûlons tous deux… Ô Dolsé !… Dolsé ! il n’est qu’un instant pour jouir, ne le laissons pas, échapper, et Ceilcour en disant ces paroles où se peint l’ardeur de la plus vive passion, presse fortement dans ses bras, l’objet de son idolâtrie… mais la baronne s’échappant… Homme dangereux, s’écrie-t-elle, je savais bien que tu ne voulais que me tromper… laisse moi fuir perfide… Ah ! tu n’es plus digne de moi… Puis continuant avec fureur… La voilà cette promesse d’amour et de respect… voilà la récompense de cet aveu que tu m’as arraché… C’est pour contenter un desir que tu m’as jugé digne de toi !… Comme tu m’as méprisée cruel ! devais-je donc m’attendre à n’être vue de Ceilcour que sous cet aspect insultant… Va chercher des femmes assez viles pour ne vouloir de toi que des plaisirs, et laisse moi pleurer l’orgueil, que j’avais mis à posséder ton cœur.