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fixa pour jamais à vos pieds… Et Dolsé versant quelques larmes… Vous ne connaissez pas ma sensibilité, Ceilcour… : non, vous ne la connaissez pas… Ah ! n’achevez point d’égarer ma raison, si vous n’êtes pas sûr de mériter mon cœur… vous ne savez pas ce que me coûterait une infidélité… Regardons tout ce qui s’est passé comme des propos ordinaires… comme des plaisirs qui peignent votre goût et votre délicatesse, dont je suis reconnaissante au possible, mais n’allons pas plus loin ; j’aime mieux pour ma tranquillité, vous voir comme le plus aimable des hommes, que d’être contrainte un jour à vous regarder comme le plus cruel ; ma liberté m’est chère, jamais sa perte ne m’a coûté de larmes, j’en répandrais de bien amères, si vous n’étiez qu’un séducteur. — Que vos craintes sont injurieuses, Dolsé, qu’il est affreux pour moi de vous les voir, quand je fais tout pour les anéantir… Ah ! je le sens, ces détours ne sont faits que pour m’instruire de mon destin… il faut que je renonce à faire passer dans votre âme