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On avance ; les géans se multiplient ; on en voit sortir de tous les coins de la forêt ; les chevaliers verts se divisent pour être en état de faire face à tout ; ils pressent les flancs de leurs coursiers fougueux, ils savent diminuer l’ascendant de leurs ennemis par de l’adresse et de la légèreté, et leur dirigent des coups que ne peuvent éviter des gens qu’embarrassent leur taille et le poids des armes ; l’héroïne suit de près ceux qui combattent pour elle ; ce que leur fer épargne, ses beaux yeux le détruisent… tout plie… tout se retire en désordre ; les vainqueurs renversent les vaincus dans le plus épais du bois, et l’on arrive enfin près d’une clairière, au milieu de laquelle est situé le château de Catchukricacambos.

C’était un large et haut pavillon flanqué de quatre tours d’un marbre noir comme le jais ; sur les murs se voyaient symétriquement arrangés des chiffres et des trophées d’armes en argent ; un fossé entourait l’édifice, où l’on ne pénétrait que par un pont-levis ; aussi-tôt que les nains nègres qui garnissaient le haut des