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c’est à ce seul titre que je vous conjure d’abandonner des erreurs, dont votre âme sera la triste victime. Raunai, dit impétueusement Castelnau, offre ton sang à notre libérateur… le mien… celui de ton épouse ; mais ne trahis jamais ta conscience ; ne sacrifie point par un désaveu humiliant, dont ton âme serait loin, le bonheur éternel qui t’attend au sein de notre religion pure. Allez mes amis, dit le duc ; vous presser davantage serait perdre le fruit de l’action que vient de me dicter mon cœur. Jouissez de votre grâce et de ma protection, Dieu seul jugera nos âmes. Ah ! monsieur le duc, s’écria Castelnau, en se retirant avec sa fille et son gendre, que cette tolérance précieuse vous éclaire jusqu’à votre dernier soupir, et notre malheureux pays ne verra plus son sein inondé du sang de ses enfans ; ce sang qui n’est dû qu’à la patrie, ne se répandra plus que pour elle, et bientôt la maîtresse du monde, elle verra tomber l’univers à ses pieds.

Le comte de Sancerre ne laissa point