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était touchée d’un sacrifice aussi grand de sa part ? Si les amans ordinaires n’ont jamais fini de se parler, combien devaient-ils rester à ceux-ci de choses importantes à se dire ?

Raunai était loin de balancer ; ce qu’il avait promis lui paraissait tellement fait pour sa belle âme, qu’il n’eut pas un instant de repos, que l’échange ne fût proposé. Dès qu’il est jour, il vole chez le duc de Guise.

Vous Raunai, dans ces lieux, lui dit le ministre étonné. — Oui, monsieur le duc, moi-même, et la façon dont j’y viens, met à découvert, ce me semble, les intérêts qui m’y conduisent. Vous faites une injustice, monsieur, je la répare. Le baron de Castelnau que vous retenez dans les fers n’est pas plus coupable que celui des officiers de votre parti qui le servent avec le plus de zèle ; c’était à nous de le punir, puisqu’il a dû nous trahir cent fois ; daignez le rendre à sa malheureuse fille que vous plongez au désespoir, et ne redoutez pas des ennemis aussi peu dangereux que lui. Vous