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Le duc de Guise, veut que je cède à sa passion ; et dès qu’il est enchaîné par l’hymen, ce qu’il exige peut-il avoir lieu sans qu’il en coûte un crime, à lui, ou l’honneur à votre malheureuse fille ? Ah ! Juliette, reprit fermement Castelnau, laisse-moi périr ; j’ai vécu ; ce serait acheter trop cher le peu de jours que je dois languir ici-bas… Non, mon enfant, non ; je ne les paierai point au prix de ton honneur et de ta félicité. Je le savais trop bien que ces tyrans n’étaient mus que par l’égoïsme, et que l’ambition était l’unique cause de leurs crimes. Mais il est un Dieu juste qui nous vengera, chère fille, un Dieu puissant aux yeux duquel les malheurs sont des droits, et les vertus des titres. Élevée dans la plus pure des religions, garde-toi d’en oublier les principes ; qu’ils te servent à jamais d’égide contre les séductions de ces idolâtres, et puisque ma vie ne peut plus garantir ta jeunesse, que ma mort au moins t’encourage… Tu la verras, ma fille, oui, je demanderai de mourir dans tes bras, et mon âme, bientôt aux pieds de l’Éternel, obtiendra de lui cette protection,