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Le lendemain, monsieur de Sancerre, qui allait beaucoup mieux, les rassura l’un et l’autre ; il promit même de parler au duc ; mais il fut résolu qu’on cacherait les démarches de Raunai qui, dès le même instant, irait vivre ignoré chez un particulier de la même religion que lui, et que chaque soir, dans un cabinet du jardin du comte, ce valeureux amant pourrait entretenir sa maîtresse. Tous deux tombèrent encore une fois aux pieds de Sancerre et de son épouse ; des larmes s’exprimèrent pour eux ; et sur le soir, Raunai, conduit par un page, fut s’enfermer dans son asyle.

L’attaque de la nuit précédente suffit à persuader aux Guises qu’ils ne devaient plus se croire engagés par l’édit qu’on venait de publier. Le sang recommence donc à couler dans Amboise ; des échafauds dressés dans tous les coins, offrent à chaque instant de nouvelles horreurs ; des troupes répandues dans les environs, font main-basse sur tous les protestans ; ou l’on les égorge sur l’heure même, ou l’on les précipite pieds et mains liés