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eh bien ! j’obéirai, Juliette sera demain ici, mais si vous abusez de ma confiance, si vous avez l’infamie d’employer ma main pour vous assurer la victime, non-seulement vous n’apprendrez rien de ce que vous désirez savoir, mais nous nous immolerons plutôt tous deux près de vous, que de devenir l’un et l’autre la proie de votre insigne lâcheté. Homme trop favorisé de la fortune, vous ne savez pas ce que le malheur inspire à deux cœurs courageux, ce qu’il suggère, ce qu’il fait entreprendre ; vous ignorez, quelle est l’énergie que le désespoir prête à l’âme, sauvez-nous de l’horreur de vous en convaincre, il n’y aurait ni fers ni supplices qui pussent vous préserver de notre fureur.

— Toujours dur et toujours défiant, Raunai, dit le duc…. Sortez, souvenez-vous de mes ordres ; souvenez-vous que votre mort est sûre, si vous échappez l’un ou l’autre d’Amboise avant que je ne vous parle.

— Adieu.

Le premier soin de Raunai fut de rendre à Juliette tout ce qui venait de se passer ; il ne déguisa point ses craintes, l’impossibilité qu’il y avait de démêler dans les