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mensonge, et rien ne me contraindra à l’employer pour sauver ma vie. Il faut bien peu connaître la nation pour oser accuser des Français du crime que l’on me suppose, non que l’État, ni celui qui le gouverne, ne redoutent rien de nous ; nous ne voulons qu’offrir au souverain la pitoyable situation de la France ; lui faire voir les campagnes désertes ; d’infortunés citoyens arrachés des bras de leurs épouses, traînés dans les plus obscures prisons ; des enfants abandonnés dans les rues, mourant de faim et de misère, réclamant par des cris douloureux des parents que le despotisme leur enlève[1] ; des scélérats profitant de ces troubles pour ravager la France, toutes les parties de l’adminis-

  1. Peu avant ces troubles, il y avait eu des enlèvements d’enfants qui n’avaient point la religion pour cause ; on voyait dans les campagnes les mères éplorées s’enfuir en pressant leurs enfants dans leur sein ; d’autres les cachaient dans des trous, dans des buissons où elles revenaient les chercher après ; la désolation était générale, on ne sut jamais trop le véritable sujet de ces rapts ; on les trouve à quatre différentes époques dans les annales secrètes de la monarchie ; une fois sous la première race, ensuite sous Louis XI, sous François II et sous Louis XV. On en a douté, mais à tort, ils ont eu lieu très-certainement à chacune des ces époques.