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Juliette versa des larmes bien amères, en apprenant que rien au monde ne pouvait changer les résolutions de monsieur de Guise.

— Ô mon ami, dit-elle le même soir à Raunai ! il n’est donc que trop sûr que le Ciel ne nous avait pas destinés l’un à l’autre ! Quel horrible avenir se présente à mes yeux ! il faudra que je devienne la femme de cet homme barbare, souillé du meurtre de nos frères !… Je serai réduite à l’horreur de partager son lit !…. Infortunée ! il faut que je perde mon amant ou mon père ; il faut que j’immole ou mon amour ou l’être précieux qui m’a donné la vie ! voilà donc l’usage que ces hommes d’état font des pouvoirs qui leur sont confiés ! et ces fers qui s’appesantissent sur nous, tous ces fléaux qui nous accablent…… au nom d’un souverain…… à chaque instant trompé lui-même, ne sont donc que les moyens des passions de ces hommes puissants…. que les armes secrètes dont ils usent pour les assouvir !….. Il faut qu’elles le soient ou que nous gémissions… ; il faut qu’ils deviennent heureux, ou que le sang coule !….. Je voudrais que mes jours…