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lité de faire autant de mal ? Oserez-vous immoler Castelnau pour vous rendre maître de Juliette ? et ferez-vous dépendre le sort de ce malheureux père de l’ignominie de la fille ?

Le duc un peu surpris de voir monsieur de Sancerre si parfaitement au fait, lui fit entrevoir, que quoiqu’il eût des enfants d’Anne d’Est, il pourrait néanmoins trouver des moyens de rupture à son mariage avec elle….

— Ô mon cher duc ! interrompit le comte, voilà comme les passions déraisonnent toujours ! Quoi ! vous romprez l’alliance contractée avec une princesse, pour épouser la fille d’un homme, contre lequel vous faites la guerre ; vous vous brouillerez avec François II, dont ces nœuds vous rendent l’oncle ; avec le duc de Ferrare dont ils vous font devenir le gendre, vous culbuterez l’édifice d’une fortune où vous travaillez depuis tant d’années, et tout cela pour le vain plaisir d’un moment, pour une passion qui s’éteindra sitôt qu’elle sera satisfaite, et qui ne vous laissera que des remords ? Sont-ce là les sentiments qui doivent animer un héros ? Est-ce à l’amour à nuire à l’ambition ? vous avez