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graves : je veux parler de l’auteur de l’infâme roman de Justine. Cet homme n’est point aliéné. Son seul délire est celui du vice, et ce n’est point dans une maison consacrée au traitement médical de l’aliénation que cette espèce de délire peut être réprimée. Il faut que l’individu qui en est atteint soit soumis à la séquestration la plus sévère, soit pour mettre les autres à l’abri de ses fureurs, soit pour l’isoler lui-même de tous les objets qui pourraient entretenir et exalter sa hideuse passion. Or, la maison de Charenton, dans le cas dont il s’agit, ne remplit ni l’une ni l’autre de ces deux conditions. M. de Sade y jouit d’une liberté beaucoup trop grande. Il peut communiquer avec un assez grand nombre de personnes des deux sexes encore malades ou à peine convalescentes, les recevoir chez lui ou aller les visiter dans leurs chambres respectives. Il a la faculté de se promener dans le parc et il y rencontre souvent des malades auxquels on accorde la même faveur. Il prêche son horrible doctrine à quelques-uns, il prête des livres à d’autres ; enfin, le bruit général dans la maison est qu’il est avec une femme qui passe pour sa fille.