Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée

prescrire ; tu deviendrais maigre et froid avec cette méthode ; ce sont des élans que nous voulons de toi, et non pas des règles ; dépasse tes plans, varie-les, augmente-les ; ce n’est qu’en travaillant que les idées viennent. Pourquoi ne veux-tu pas que celle qui te presse quand tu composes, soit aussi bonne que celle dictée par ton esquisse ? Je n’exige essentiellement de toi qu’une seule chose, c’est de soutenir l’intérêt jusqu’à la dernière page ; tu manques le but, si tu coupes ton récit par des incidents, ou trop répétés, ou qui ne tiennent pas au sujet ; que ceux que tu te permettras soient encore plus soignés que le fond : tu dois des dédommagements au lecteur quand tu le forces de quitter ce qui l’intéresse, pour entamer un incident. Il peut bien te permettre de l’interrompre, mais il ne te pardonnera pas de l’ennuyer ; que tes épisodes naissent toujours du fond du sujet et qu’ils y rentrent ; si tu fais voyager tes héros, connais bien le pays où tu les mènes, porte la magie au point de m’identifier avec eux ; songe que je me promène à leurs côtés, dans toutes les régions où tu les places ; et que peut-être plus instruit que