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qui eût fait dégobiller tout autre : mais c’était précisément par ce que ce pied avait de plus sale et de plus dégoûtant qu’il enflammait le mieux notre homme. Il le saisit, le baise avec ardeur, sa bouche écarte tour à tour chaque doigt et sa langue va recueillir avec le plus vif enthousiasme dans chaque intervalle cette crasse noirâtre et puante que la nature y dépose et que le peu de soin de soi-même y multiplie. Non seulement il l’attire dans sa bouche, mais il l’avale, il la savoure, et le foutre qu’il perd en se branlant à cette expédition devient la preuve non équivoque de l’excessif plaisir qu’elle lui donne. »

« Oh ! pour celle-là, je ne l’entends pas, dit l’évêque. — Il faudra donc que je travaille à vous la faire comprendre, dit Curval. — Quoi ! vous auriez un goût ?… dit l’évêque. — Regardez-moi, dit On se lève, on l’entoure, et l’on voit cet incroyable libertin, qui réunissait tous les goûts de la plus crapuleuse luxure, tenant embrassé le pied dégoûtant de Fanchon, de cette sale et vieille servante qu’on a dépeinte plus haut, et se pâmant de luxure en la suçant. « Moi, je comprends tout cela, dit Durcet. Il ne faut qu’être blasé pour entendre toutes ces infamies-là ; la satiété les inspire au libertinage, qui les fait exécuter sur-le-champ. On est las de la chose simple, l’imagination se dépite, et la petitesse de nos moyens, la faiblesse de nos facultés, la corruption de notre esprit, nous ramènent à des abominations. »

« Telle était sans doute l’histoire, dit Duclos en se reprenant, du vieux commandeur des Carrières, l’une des meilleures pratiques de la Guérin. Il ne lui fallait que des femmes tarées, ou par le libertinage, ou par la nature, ou par la main de la justice. Il ne les recevait, en un mot, que borgnes, aveugles, boiteuses, bossues, cul-de-jatte, manchotes, édentées, mutilées de quelques membres, ou fouettées et marquées, ou clairement flétries par quelque autre acte de justice ; et toujours avec cela de l’âge le plus mûr. On lui avait donné, à la scène que je surpris, une femme de cinquante ans, marquée comme voleuse publique et qui, de plus, était borgne. Cette double dégradation lui parut un trésor. Il s’enferme avec elle, la fait mettre nue, baise avec transport sur ses épaules les signes certains de son avilissement, suce avec ardeur chaque sillon de cette plaie qu’il appelait honorable. Cela fait, toute son ardeur se portait au trou du cul, il entrouvrait les fesses, baisait délicieusement le trou flétri qu’elles renfermaient, le suçait fort longtemps, et, revenant se camper à cheval sur le dos de la fille, il fit frotter son vit aux marques qu’elle portait de la justice, en la louant d’avoir mérité ce triomphe ; et, se penchant sur son derrière, il consomma le sacrifice en rebaisant l’autel où il venait de rendre un aussi long hommage, et versant un foutre abondant sur ces marques flatteuses dont il s’était si bien échauffé la tête. »

« Sacredieu, dit Curval, à qui la lubricité tournait l’esprit ce jour-là, voyez, mes amis, voyez, à ce vit bandant, à quel point m’échauffe le récit de