Page:Sade - Les 120 journées de Sodome (édition numérique).djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— Page 96 —

négliger cette cérémonie à neuf heures précises du matin, sans qu’il ait jamais troussé une seule fille, quoiqu’on lui en ait fait voir de charmantes. »

« Voulait-il voir le cul du portefaix ? dit Curval. — Oui, monseigneur, répondit Duclos, il fallait avoir soin, quand on amusait l’homme dont il mangeait le foutre, de le tourner et retourner, et il fallait aussi que le manant tournât et retournât la fille dans tous les sens. — Ah ! comme cela je le conçois, dit Curval, mais je ne l’entendais guère autrement. »

« Peu après, continua Duclos, nous vîmes arriver au sérail une fille d’environ trente ans, assez jolie, mais rousse comme Judas. Nous crûmes d’abord que c’était une nouvelle compagne, mais elle nous désabusa bientôt en nous disant qu’elle ne venait que pour une partie. L’homme à qui l’on destinait cette nouvelle héroïne arriva bientôt de son côté. C’était un gros financier d’assez bonne mine, et la singularité de son goût, puisque c’était à lui que l’on destinait une fille dont nul autre n’aurait sans doute voulu, cette singularité, dis-je, me donna la plus grande envie d’aller les observer. À peine furent-ils dans la même chambre que la fille se mit toute nue et nous montra un corps fort blanc et très potelé. “Allons, saute, saute ! lui dit le financier, échauffe-toi, tu sais très bien que je veux qu’on sue.” Et voilà la rousse à cabrioler, à courir par la chambre, à sauter comme une jeune chèvre, et notre homme à l’examiner en se branlant, et tout cela sans que je puisse deviner encore le but de l’aventure. Quand la créature fut en nage, elle s’approcha du libertin, leva un bras et lui fit sentir son aisselle dont la sueur dégouttait de tous les poils. “Ah ! c’est cela, c’est cela ! dit notre homme en fixant avec ardeur ce bras tout gluant sous son nez, quelle odeur, comme elle me ravit !” Puis s’agenouillant devant elle, il la sentit et la respira de même dans l’intérieur du vagin et au trou du cul ; mais il revenait toujours aux aisselles, soit que cette partie le flattât davantage, soit qu’il y trouvât plus de fumet ; c’était toujours là que sa bouche et son nez se reportaient avec le plus d’empressement. Enfin un vit assez long, quoique peu gros, vit qu’il secouait vigoureusement depuis plus d’une heure sans aucun succès, s’avise de lever le nez. La fille se place, le financier vient par-derrière lui nicher son anchois sous l’aisselle, elle serre le bras, forme, à ce qu’il me paraît, un endroit très rétréci de ce local. Pendant ce temps-là, par l’attitude, il jouissait de la vue et de l’odeur de l’autre aisselle ; il s’en empare, y fourre son grouin tout entier et décharge en léchant, dévorant cette partie qui lui donne autant de plaisir. »

« Et il fallait, dit l’évêque, que cette créature fût absolument rousse ? — Absolument, dit Duclos. Ces femmes-là, vous ne l’ignorez point, monseigneur, ont dans cette partie un fumet infiniment plus violent, et le sens de l’odorat était sans doute celui qui, une fois picoté par des choses fortes, réveillait le mieux dans lui les organes du plaisir. — Soit, reprit