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nu en cette partie, on ne faisait que lâcher le nœud, lequel était de la couleur choisie par l’ami auquel appartenait le pucelage. Leurs cheveux, négligemment relevés de quelques boucles sur les côtés, étaient absolument libres et flottants par-derrière et simplement noués d’un ruban de la couleur prescrite. Une poudre très parfumée et d’une teinte entre le gris et le rose colorait leur chevelure. Leurs sourcils très soignés et communément peints en noir, joints à une légère teinte de rouge toujours sur leurs joues, achevaient de relever l’éclat de leur beauté ; leur tête était nue ; un bas de soie blanc à coins brodés de rose couvrait leur jambe qu’un soulier gris, attaché d’un gros nœud rose, chaussait agréablement. Une cravate de gaze à la crème voluptueusement nouée se mariait à un petit jabot de dentelle, et, en les examinant ainsi tous les quatre, on pouvait assurer qu’il ne pouvait, sans doute, rien se voir de plus charmant au monde. Dès l’instant qu’ils furent ainsi adoptés, toutes permissions du genre de celles qui s’accordaient quelquefois le matin leur furent absolument refusées, et l’on leur accorda d’ailleurs autant de droits sur les épouses qu’en avaient les fouteurs : ils purent les maltraiter à leur gré, non seulement aux repas, mais même dans tous les autres instants de la journée, sûrs que jamais on ne leur donnerait le tort. Ces occupations remplies, on procéda aux visites ordinaires. La belle Fanny, à laquelle Curval avait fait dire de se trouver en un certain état, se trouva dans l’état contraire (la suite nous expliquera tout ceci) ; elle fut mise sur le cahier des corrections. Chez les jeunes gens, Giton avait fait ce qu’il était défendu de faire ; on le marqua de même. Et après les fonctions de la chapelle remplies, qui fournirent très peu de sujets, on se mit à table. Ce fut le premier repas servi où les quatre amants furent admis. Ils prirent place chacun à côté de celui qui l’aimait, lequel l’avait à sa droite et son fouteur favori à gauche. Ces charmants petits convives de plus égayèrent le repas ; tous quatre étaient très gentils, d’une grande douceur et commençant à se prêter au mieux au ton de la maison. L’évêque, très en train ce jour-là, ne cessa de baiser Céladon presque tout le temps du repas, et comme cet enfant devait être du quadrille servant le café, il sortit un peu avant le dessert. Quand monseigneur, qui venait de s’en échauffer la tête, le revit tout nu dans le salon d’à côté, il n’y tint plus. « Sacredieu ! dit-il tout en feu, puisque je ne peux pas l’enculer, au moins lui ferai-je ce que Curval a fait hier à son bardache. » Et saisissant le petit bonhomme, il le coucha sur le ventre en disant cela, lui glissa son vit dans les cuisses. Le libertin était aux nues, le poil de son vit frottait le trou mignon qu’il aurait bien voulu perforer ; une de ses mains maniait les fesses du délicieux petit Amour, l’autre lui branlait le vit. Il collait sa bouche sur celle de ce bel enfant, il pompait l’air de sa poitrine, il en avalait la salive. Le duc, pour l’exciter du spectacle de son libertinage, se plaça devant lui en gamahuchant le trou du cul de Cupidon, le second des garçons qui servaient le café ce jour-là. Curval vint sous ses yeux se faire branler par Michette, et Durcet lui offrit les fesses écartées de Rosette. Tout travaillait à lui procurer l’extase où l’on voyait qu’il aspirait ;