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« Un personnage à peu près du même goût, continua Duclos, me mena aux Tuileries quelques mois après. Il voulait que je fusse raccrocher des hommes et que je vinsse les lui branler positivement sous le nez, au milieu d’un tas de chaises parmi lesquelles il s’était caché ; et après lui en avoir branlé ainsi sept ou huit, il se plaça sur un banc, dans une des allées les plus passagères, troussa mes jupes par-derrière, fit voir mon cul aux passants, mit son vit à l’air et m’ordonna de le branler devant tous les passants, ce qui, quoiqu’il fût nuit, fit un tel scandale que, lorsqu’il débondait cyniquement son foutre, il y avait plus de dix personnes autour de nous, et que nous fûmes obligés de nous sauver pour n’être pas honnis.

« Quand je racontai à la Guérin notre histoire, elle en rit et me dit qu’elle avait connu un homme à Lyon où des garçons font le métier de maquereaux, un homme, dis-je, dont la manie était pour le moins aussi singulière. Il se déguisait comme les mercures publics, amenait lui-même du monde à deux filles qu’il payait et entretenait pour cela, puis se cachait dans un coin pour voir opérer sa pratique qui, dirigée par la fille qu’il soudoyait à cet effet, ne manquait pas de lui faire voir le vit et les fesses du libertin qu’elle tenait, seule volupté qui fût du goût de notre faux mercure et qui avait l’art de lui faire perdre son foutre. »

Duclos ayant fini ce soir-là son récit de bonne heure, on employa le reste de la soirée, avant l’instant du service, à quelques lubricités de choix ; et comme on avait la tête échauffée sur le cynisme, on ne passa point dans le cabinet et chacun s’amusa l’un devant l’autre. Le duc fit mettre la Duclos toute nue, il la fit pencher, appuyer sur le dos d’une chaise et ordonna à la Desgranges de le branler sur les fesses de sa camarade, de manière à ce que la tête de son vit effleurât le trou du cul de la Duclos à chaque secousse. On joignit à cela quelques autres épisodes que l’ordre des matières ne nous permet pas encore de dévoiler, tant y a que le trou du cul de l’historienne fut complètement arrosé et que le duc, très bien servi et très complètement entouré, déchargea avec des hurlements qui prouvèrent bien à quel point était échauffée sa tête. Curval se fit foutre, l’évêque et Durcet firent de leur côté, avec les deux sexes, des choses très étranges, et l’on servit. Après souper, on dansa, les seize jeunes personnes, quatre fouteurs et les quatre épouses purent former trois contredanses, mais tous les acteurs de ce bal étaient nus, et nos libertins, couchés nonchalamment sur des sofas, s’amusaient délicieusement de toutes les différentes beautés que leur offraient tour à tour les diverses attitudes que la danse obligeait de prendre. Ils avaient auprès d’eux les historiennes qui les manualisaient plus ou moins vite en raison du plus ou moins de plaisir qu’ils prenaient, mais, épuisés des voluptés du jour, personne ne déchargea, et chacun fut prendre au lit les forces nécessaires à se livrer le lendemain à de nouvelles infamies.