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procurait au mieux et que la jeune Duclos n’avait sans doute pas si bien fournis à son galant, s’il faut en croire au moins les recherches qu’exigeait celui-ci et qu’il s’en fallait bien que le président désirât.

« Un mois après, dit Duclos, à qui on avait ordonné de continuer, j’eus affaire au suceur d’une route absolument opposée. Celui-ci était un vieil abbé qui, après m’avoir préalablement baisé et caressé le derrière pendant plus d’une demi-heure, enfonça sa langue au trou, l’y fit pénétrer, l’y darda, l’y tourna et retourna avec tant d’art que je crus presque la sentir au fond de mes entrailles. Mais celui-ci, moins flegmatique, en écartant mes fesses d’une main, se branlait très voluptueusement de l’autre et déchargea en attirant à lui mon anus avec tant de violence, en le chatouillant si lubriquement, que je partageai son extase. Quand il eut fait, il examina encore un instant mes fesses, fixa ce trou qu’il venait d’élargir, ne put s’empêcher d’y coller encore une fois ses baisers, et décampa, en m’assurant qu’il reviendrait me demander souvent et qu’il était très content de mon cul. Il m’a tenu parole et, pendant près de six mois, il vint me faire trois ou quatre fois de la semaine la même opération à laquelle il m’avait si bien accoutumée qu’il ne l’entreprenait plus sans me faire expirer de plaisir. Épisode, au reste, qui me parut lui être assez indifférent, car il ne me parut jamais ou qu’il s’en informât, ou qu’il s’en souciât. Qui sait même, tant les hommes sont extraordinaires, s’il ne lui aurait peut-être pas déplu. »

Ici Durcet, que ce récit venait d’enflammer, voulut, comme le vieil abbé, sucer le trou d’un cul, mais non pas celui d’une fille. Il appelle Hyacinthe : c’était celui de tous qui lui plaisait le plus. Il le place, il baise le cul, il branle le vit, il gamahuche. Au tressaillement de ses nerfs, au spasme qui précédait toujours sa décharge, on croit que son vilain petit anchois, que secouait Aline de son mieux, allait enfin dégorger sa semence, mais le financier n’était pas si prodigue de son foutre : il ne banda seulement pas. On imagine de le changer d’objet, Céladon est offert et rien n’avance. Une cloche heureuse qui annonçait le souper vient sauver l’honneur du financier. « Ce n’est pas ma faute, dit-il en riant à ses confrères, vous le voyez, j’allais remporter la victoire ; c’est ce maudit souper qui la retarde. Allons changer de volupté. Je n’en reviendrai que plus ardent aux combats de l’amour, quand Bacchus m’aura couronné ». Le souper, aussi succulent que gai, et lubrique comme à l’ordinaire, fut suivi d’orgies où l’on fit beaucoup de petites infamies. Il y eut beaucoup de bouches et de culs sucés, mais une des choses à quoi l’on s’amusa le plus fut de cacher le visage et la gorge des jeunes filles et de parier de les reconnaître rien qu’en examinant leurs fesses. Le duc s’y trompa quelquefois, mais les trois autres avaient une telle habitude du cul qu’ils ne s’y trompèrent pas une seule fois. On fut se coucher, et le lendemain ramena de nouveaux plaisirs et quelques nouvelles réflexions.