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part que : “Ah ! foutre, pisse donc, mon enfant, pisse donc ; la belle fontaine, pisse donc, pisse donc, ne vois-tu pas que je décharge ?” Et il entremêlait tout cela de baisers sur ma bouche qui n’avaient rien de trop libertin. — C’est cela, Duclos, dit Durcet, le Président avait raison ; je ne pouvais me rien figurer au premier récit, et je conçois votre homme à présent. — Un moment, Duclos, dit l’évêque, en voyant qu’elle allait reprendre, j’ai pour mon compte un besoin un peu plus vif que celui de pisser ; ça me tient depuis tantôt et je sens qu’il faut que ça parte. » Et en même temps, il attira à lui Narcisse. Le feu sortait des yeux du prélat, son vit était collé contre son ventre, il écumait, c’était un foutre contenu qui voulait absolument s’échapper et qui ne le pouvait que par des moyens violents. Il entraîna sa nièce et le petit garçon dans le cabinet. Tout s’arrêta : une décharge était regardée comme quelque chose de trop important pour que tout ne se suspendît pas, au moment où l’on y voulait procéder, et que tout ne concourût pas à la faire faire délicieusement. Mais la nature, cette fois-ci, ne répondit pas aux vœux du prélat, et quelques minutes après qu’il se fut enfermé dans le cabinet, il en sortit furieux, dans le même état d’érection, et s’adressant à Durcet, qui était de mois : « Tu me camperas ce petit drôle-là en punition pour samedi, lui dit-il, en rejetant violemment l’enfant loin de lui, et qu’elle soit sévère, je t’en prie. » On vit bien alors que le jeune garçon, sans doute, n’avait pas pu le satisfaire, et Julie fut conter le fait tout bas à son père.

« Eh, parbleu, prends-en un autre, lui dit le duc, choisis dans nos quadrilles, si le tien ne te satisfait pas. — Oh ! ma satisfaction pour le moment serait très éloignée de ce que je désirais tout à l’heure, dit le prélat. Vous savez où nous conduit un désir trompé. J’aime mieux me contenir, mais qu’on ne ménage pas ce petit drôle-là, continua-t-il, voilà tout ce que je recommande. — Oh ! je te réponds qu’il sera tancé, dit Durcet. Il est bon que le premier pris donne l’exemple aux autres. Je suis fâché de te voir dans cet état-là ; essaye autre chose, fais-toi foutre. — Monseigneur, dit la Martaine, je me sens très en disposition de vous satisfaire, et si votre Grandeur voulait… — Eh ! non, non, parbleu, dit l’évêque ; ne savez-vous donc pas qu’il y a tout plein d’occasions où l’on ne veut pas d’un cul de femme ? J’attendrai, j’attendrai… Que Duclos continue ; ça partira ce soir ; il faudra bien que j’en trouve un comme je le veux. Continue, Duclos. » Et les amis ayant ri de bon cœur de la franchise libertine de l’évêque (« il y a tout plein d’occasions où l’on ne veut pas d’un cul de femme »), l’historienne reprit son récit en ces termes :

« Je venais d’atteindre ma septième année, lorsqu’un jour que, suivant ma coutume, j’avais amené à Louis une de mes petites camarades, je trouvai chez lui un autre religieux de ses confrères. Comme cela n’était jamais arrivé, je fus surprise et je voulus me retirer mais Louis m’ayant rassurée, nous entrâmes hardiment, ma petite compagne et moi. “Tiens, Père Geoffroi, dit Louis à son ami, en me poussant vers lui, ne t’ai-je pas dit