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toujours. Vous devez m’entendre, et vous recevrez d’ailleurs de la part des quatre duègnes des instructions ultérieures qui achèveront de vous expliquer tout. En un mot, frémissez, devinez, obéissez, prévenez, et avec cela, si vous n’êtes pas au moins très fortunées, peut-être ne serez-vous pas tout à fait malheureuses. D’ailleurs point d’intrigues entre vous, nulle liaison, point de cette imbécile amitié de filles qui, en amollissant d’un côté le cœur, le rend de l’autre et plus revêche et moins disposé à la seule et simple humiliation où nous vous destinons. Songez que ce n’est point du tout comme des créatures humaines que nous vous regardons, mais uniquement comme des animaux que l’on nourrit pour le service qu’on en espère et qu’on écrase de coups quand ils se refusent à ce service. Vous avez vu à quel point on vous défend tout ce qui peut avoir l’air d’un acte de religion quelconque ; je vous préviens qu’il y aura peu de crimes plus sévèrement punis que celui-là. On ne sait que trop qu’il est encore parmi vous quelques imbéciles qui ne peuvent pas prendre sur elles d’abjurer l’idée de cet infâme dieu et d’en abhorrer la religion : celles-là seront soigneusement examinées, je ne vous le cache pas, et il n’y aura point d’extrémités où l’on ne se porte envers elles, si malheureusement on les prend sur le fait. Qu’elles se persuadent, ces sottes créatures, qu’elles se convainquent donc que l’existence de Dieu est une folie qui n’a pas sur toute la terre vingt sectateurs aujourd’hui, et que la religion qu’il invoque n’est qu’une fable ridiculement inventée par des fourbes dont l’intérêt à nous tromper n’est que trop visible à présent. En un mot, décidez vous-mêmes : s’il y avait un dieu, et que ce dieu eût de la puissance, permettrait-il que la vertu qui l’honore et dont vous faites profession fût sacrifiée comme elle va l’être au vice et au libertinage ? Permettrait-il, ce dieu tout-puissant, qu’une faible créature comme moi, qui ne serait vis-à-vis de lui que ce qu’est un ciron aux yeux de l’éléphant, permettrait-il, dis-je, que cette faible créature l’insultât, le bafouât, le défiât, le bravât et l’offensât, comme je fais à plaisir à chaque instant de la journée ? »

Ce petit sermon fait, le duc descendit de chaire et, excepté les quatre vieilles et les quatre historiennes qui savaient bien qu’elles étaient là plutôt comme sacrificatrices et prêtresses que comme victimes, excepté ces huit-là, dis-je, tout le reste fondait en larmes, et le duc, s’en embarrassant fort peu, les laissa conjecturer, jaboter, se plaindre entre elles, bien sûr que les huit espionnes rendraient bon compte de tout, et fut passer la nuit avec Hercule, l’un de la troupe des fouteurs qui était devenu son plus intime favori comme amant, le petit Zéphire ayant toujours comme maîtresse la première place dans son cœur. Le lendemain devant retrouver, dès le matin, les choses sur le pied d’arrangement où elles avaient été mises, chacun s’arrangea de même pour la nuit, et dès que dix heures du matin sonnèrent, la scène de libertinage s’ouvrit, pour ne plus se déranger en rien, ni sur rien de tout ce qui avait été prescrit jusqu’au vingt-huit de février inclus.

C’est maintenant, ami lecteur, qu’il faut disposer ton cœur et ton esprit au récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde