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jusqu’aux insultes et s’en faire servir la verge haute, en les apostrophant de toutes les invectives que bon leur semblera.

On sortira de table à cinq heures. Alors, les quatre amis seulement (les fouteurs se retireront jusqu’à l’heure de l’assemblée générale), les quatre amis, dis-je, passeront dans le salon, où deux petits garçons et deux petites filles, qui se varieront tous les jours, leur serviront nus du café et des liqueurs. Ce ne sera point encore là le moment où l’on pourra se permettre des voluptés qui puissent énerver ; il faudra encore s’en tenir au simple badinage. Un peu avant six heures, les quatre enfants qui viendront de servir se retireront pour aller s’habiller promptement. À six heures précises, messieurs passeront dans le grand cabinet destiné aux narrations et qui a été dépeint plus haut. Ils se placeront chacun dans leurs niches, et tel sera l’ordre observé pour le reste : sur le trône dont on a parlé sera l’historienne ; les gradins du bas de son trône seront garnis de seize enfants, arrangés de manière à ce que quatre, c’est-à-dire deux filles et deux garçons, se trouvent faire face à une des niches ; ainsi de suite, chaque niche aura un pareil quatrain vis-à-vis d’elle : ce quatrain sera spécialement affecté à la niche devant laquelle il sera, sans que la niche d’à côté puisse former des prétentions sur lui, et ces quatrains seront diversifiés tous les jours, jamais la même niche n’aura le même. Chaque enfant du quatrain aura une chaîne de fleurs artificielles au bras qui répondra dans la niche, en sorte que, lorsque le propriétaire de la niche voudra tel ou tel enfant de son quatrain, il n’aura qu’à tirer à lui la guirlande, et l’enfant accourra se jeter vers lui. Au-dessus du quatrain, sera une vieille attachée au quatrain, et aux ordres du chef de la niche de ce quatrain. Les trois historiennes qui ne seront point de mois seront assises sur une banquette, au pied du trône, sans être affectées à rien, et néanmoins aux ordres de tout le monde. Les quatre fouteurs qui seront destinés à passer la nuit avec les amis pourront s’abstenir de l’assemblée ; ils seront dans leurs chambres occupés à se préparer à cette nuit qui demande toujours des exploits. À l’égard des quatre autres, ils seront chacun aux pieds d’un des amis dans leurs niches, sur le sofa desquelles sera placé l’ami à côté d’une des épouses à tour de rôle. Cette épouse sera toujours nue ; le fouteur sera en gilet et caleçon de taffetas couleur de rose ; l’historienne de mois sera vêtue en courtisane élégante ainsi que ses trois compagnes ; et les petits garçons et les petites filles des quatrains seront toujours différemment et élégamment costumés, un quatrain à l’asiatique, un à l’espagnole, un autre à la turque, un quatrième à la grecque, et le lendemain autre chose, mais tous ces vêtements seront de taffetas et de gaze : jamais le bas du corps ne sera serré par rien et une épingle détachée suffira pour les mettre nus. À l’égard des vieilles, elles seront alternativement en sœurs grises, en religieuses, en fées, en magiciennes et quelquefois en veuves. Les portes des cabinets attenant les niches seront toujours entrouvertes, et le cabinet, très échauffé par des poêles de communication, garni de tous les meubles nécessaires aux différentes débauches. Quatre bougies brûleront dans chacun de ces cabinets