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pendant février), celui donc des amis qui sera de mois, avant de sortir de l’appartement des filles, les examinera toutes les unes après les autres, pour voir si elles sont dans l’état où il leur aura été enjoint de se tenir, ce qui sera signifié chaque matin aux vieilles et réglé sur le besoin que l’on aura de les tenir en tel ou tel état. Comme il est sévèrement défendu d’aller à la garde-robe ailleurs que dans la chapelle, qui a été arrangée et destinée pour cela, et défendu d’y aller sans une permission particulière, laquelle est souvent refusée, et pour cause, l’ami qui sera de mois examinera avec soin, sitôt après le déjeuner, toutes les garde-robes particulières des filles, et dans l’un ou l’autre cas de contravention aux deux objets ci-dessus désignés, la délinquante sera condamnée à peine afflictive.

On passera de là dans l’appartement des garçons, afin d’y faire les mêmes visites et de condamner également les délinquants à peine capitale. Les quatre petits garçons qui n’auront point été le matin chez les amis les recevront cette fois-là, quand ils viendront dans leur chambre, et ils se déculotteront devant eux ; les quatre autres se tiendront debout sans rien faire et attendront les ordres qui leur seront donnés. Messieurs paillarderont ou non avec ces quatre qu’ils n’auront point encore vus de la journée, mais ce qu’ils feront sera en public : point de tête-à-tête à ces heures-là. À une heure, ceux ou celles des filles ou des garçons, tant grands que petits, qui auront obtenu la permission d’aller à des besoins pressés, c’est-à-dire aux gros (et cette permission ne s’accordera jamais que très difficilement et à un tiers au plus des sujets), ceux-là, dis-je, se rendront à la chapelle où tout a été artistement disposé pour les voluptés analogues à ce genre-là. Ils y trouveront les quatre amis qui les attendront jusqu’à deux heures, et jamais plus tard, et qui les disposeront, comme ils le jugeront convenable aux voluptés de ce genre qu’ils auront envie de se passer. De deux à trois, on servira les deux premières tables qui dîneront à la même heure, l’une dans le grand appartement des filles, l’autre dans celui des petits garçons. Ce seront les trois servantes de la cuisine qui serviront ces deux tables. La première sera composée des huit petites filles et des quatre vieilles ; la seconde des quatre épouses, des huit petits garçons et des quatre historiennes. Pendant ce dîner, messieurs se rendront dans le salon de compagnie où ils jaseront ensemble jusqu’à trois heures. Peu avant cette heure, les huit fouteurs paraîtront dans cette salle le plus ajustés et le plus parés qu’il se pourra. À trois heures on servira le dîner des maîtres, et les huit fouteurs seront les seuls qui jouiront de l’honneur d’y être admis. Ce dîner sera servi par les quatre épouses toutes nues, aidées des quatre vieilles vêtues en magiciennes. Ce seront elles qui sortiront les plats des tours où les servantes les apporteront en dehors et qui les remettront aux épouses qui les poseront sur la table. Les huit fouteurs, pendant le repas, pourront commettre sur les corps nus des épouses tous les attouchements qu’ils voudront, sans que celles-ci puissent ou s’y refuser ou s’en défendre ; ils pourront même aller