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vieille, laide et même puante à une fille fraîche et jolie, pas plus s’en étonner, dis-je, que nous ne le devons être d’un homme qui préfère pour ses promenades le sol aride et raboteux des montagnes aux sentiers monotones des plaines. Toutes ces choses-là dépendent de notre conformation, de nos organes, de la manière dont ils s’affectent, et nous ne sommes pas plus les maîtres de changer nos goûts sur cela que nous ne le sommes de varier les formes de nos corps. Quoi qu’il en soit, tel était, comme on l’a dit, le goût dominant, et du président, et presque en vérité de ses trois confrères, car tous avaient été d’un avis unanime sur le choix des servantes, choix qui pourtant, comme on va le voir, dénotait bien dans l’organisation ce désordre et cette dépravation que l’on vient de peindre. On fit donc chercher à Paris, avec le plus grand soin, les quatre créatures qu’il fallait pour remplir cet objet, et quelque dégoûtant que puisse en être le portrait, le lecteur me permettra cependant de le tracer : il est trop essentiel à la partie des mœurs dont le développement est un des principaux objets de cet ouvrage.

La première s’appelait Marie. Elle avait été servante d’un fameux brigand tout récemment rompu, et, pour son compte, elle avait été fouettée et marquée. Elle avait cinquante-huit ans, presque plus de cheveux, le nez de travers, les yeux ternes et chassieux, la bouche large et garnie de ses trente-deux dents à la vérité, mais jaunes comme du soufre ; elle était grande, efflanquée, ayant fait quatorze enfants qu’elle avait, disait-elle, étouffés tous les quatorze, de peur de faire de mauvais sujets. Son ventre était ondoyé comme les flots de la mer et elle avait une fesse mangée par un abcès.

La seconde se nommait Louison. Elle avait soixante ans, petite, bossue, borgne et boiteuse, mais un beau cul pour son âge et la peau encore assez belle. Elle était méchante comme le diable et toujours prête à commettre toutes les horreurs et tous les excès qu’on pouvait lui commander.

Thérèse avait soixante-deux ans. Elle était grande, mince, l’air d’un squelette, plus un seul cheveu sur la tête, pas une dent dans la bouche et exhalant par cette ouverture de son corps une odeur capable de renverser. Elle avait le cul criblé de blessures et les fesses si prodigieusement molles qu’on en pouvait rouler la peau autour d’un bâton ; le trou de ce beau cul ressemblait à la bouche d’un volcan par la largeur, et pour l’odeur c’était une vraie lunette de commodités ; de sa vie Thérèse n’avait, disait-elle, torché son cul, d’où il restait parfaitement démontré qu’il y avait encore de la merde de son enfance. Pour son vagin, c’était le réceptacle de toutes les immondices et de toutes les horreurs, un véritable sépulcre dont la fétidité faisait évanouir. Elle avait un bras tordu et elle boitait d’une jambe.

Fanchon était le nom de la quatrième. Elle avait été pendue six fois en effigie, et il n’existait pas un seul crime sur la terre qu’elle n’eût commis. Elle avait soixante-neuf ans, elle était camuse, courte et grosse, louche, presque point de front, n’ayant plus dans sa gueule puante que deux vieilles dents prêtes à choir ; un érésipèle lui couvrait le derrière, et des hémorroïdes