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quatrième, brûle celui de la cinquième et râpe celui de la sixième, et puis il assomme à coups de massue sur le ventre celle que son supplice n’a pas encore fait mourir.

Curval interrompt par quelque scène furieuse, cette passion l’échauffant beaucoup.

126. Le séducteur dont a parlé Duclos assemble deux femmes. Il exhorte l’une, pour sauver sa vie à renier Dieu et la religion, mais elle a été soufflée et on lui a dit de n’en rien faire, parce que si elle le faisait elle serait tuée, et qu’en ne le faisant pas elle n’avait rien à craindre. Elle résiste, il lui brûle la cervelle : « En voilà une à Dieu ! » Il fait venir la seconde qui, frappée de cet exemple et de ce qu’on lui a dit en dessous qu’elle n’avait d’autre façon de sauver ses jours que de renier, fait tout ce qu’on lui propose. Il lui brûle la cervelle : « En voilà une autre au diable ! » Le scélérat recommence ce petit jeu-là toutes les semaines.

127. Un très grand bougre aime à donner des bals, mais c’est un plafond préparé, qui fond dès qu’il est chargé, et presque tout le monde périt. S’il demeurait toujours dans la même ville, il serait découvert, mais il change de ville très souvent ; il n’est découvert que la cinquantième fois.

128. Le même de Martaine, du 27 janvier, dont le goût est de faire avorter, met trois femmes grosses dans trois postures cruelles, de manière à former trois plaisants groupes. Il les regarde accoucher en cette situation ; ensuite il leur lie leurs enfants au col, jusqu’à ce que l’enfant soit mort, ou qu’elles l’aient mangé, car il les laisse dans cette posture sans les nourrir.

128 bis. Le même avait encore une autre passion : il faisait accoucher deux femmes devant lui, leur bandait les yeux, mêlait les enfants, que lui seul connaissait à une marque, puis leur ordonnait d’aller les reconnaître. Si elles ne se trompaient pas, il les laissait vivre ; si elles se trompaient, il les pourfendait à coups de sabre sur le corps de l’enfant qu’elles prenaient pour le leur.

Ce même soir, on présente Narcisse aux orgies ; on achève de lui couper tous les doigts des mains. Pendant que l’évêque l’encule et que Durcet opère, on lui enfonce une aiguille brûlante dans le canal de l’urètre. On fait venir Giton, on se le pelote et on joue à la balle avec, et on lui casse une jambe pendant que le duc l’encule sans décharger. Arrive Zelmire : on lui brûle le clitoris, la langue, les gencives, on lui arrache quatre dents, on la brûle en six endroits des cuisses par-devant et par-derrière, on lui coupe les