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Établissez d’abord que tout change de face, ce mois-là ; que les quatre épouses sont répudiées, que cependant Julie a trouvé grâce près de l’évêque qui l’a prise chez lui en qualité de servante, mais qu’Aline, Adélaïde et Constance sont sans feu ni lieu, excepté pourtant cette dernière qu’on a permis à Duclos de reléguer chez elle parce qu’on veut ménager son fruit. Mais pour Adélaïde et Aline, elles couchent à l’étable des bêtes destinées à la nourriture. Ce sont les sultanes Augustine, Zelmire, Fanny et Sophie, qui remplacent les épouses dans toutes leurs fonctions, savoir : aux garde-robes, au service du dîner, aux canapés, et dans le lit de messieurs, la nuit. De façon qu’à cette époque voici comme sont les chambres de messieurs pendant les nuits. Indépendamment de chacun un fouteur à tour de rôle, ils ont : le duc Augustine, Zéphire et Duclos dans son lit avec le fouteur ; il couche au milieu des quatre, et Marie sur le canapé ; Curval couche de même entre Adonis, Zelmire, un fouteur et Fanchon ; personne d’ailleurs ; Durcet couche entre Hyacinthe, Fanny, un fouteur et la Martaine (Vérifiez), et, sur le canapé, Louison ; l’évêque couche entre Céladon, Sophie, un fouteur et Julie, et, sur le canapé, Thérèse. Ce qui fait voir que les petits ménages de Zéphire et d’Augustine, d’Adonis et Zelmire, d’Hyacinthe et Fanny, de Céladon et Sophie, qui ont été tous mariés ensemble, appartiennent au même maître. Il n’y a plus que quatre jeunes filles au sérail des filles, et quatre au sérail des garçons. Champville couche dans celui des filles et Desgranges dans celui des garçons, Aline à l’étable, comme on l’a dit, et Constance dans la chambre de Duclos, seule, puisque Duclos couche avec le duc toutes les nuits. Le dîner est toujours servi par les quatre sultanes représentant les quatre épouses, et le souper par les quatre sultanes qui restent ; un quadrille sert toujours le café ; mais les quadrilles des récits, vis-à-vis chaque niche de glace, ne sont plus composés que d’un garçon et d’une fille. À chaque récit, Aline et Adélaïde sont attachées aux piliers du salon d’histoire dont on a parlé ; elles y sont liées, les fesses en face des canapés, et près d’elles, une petite table garnie de verges, de façon qu’elles sont toujours prêtes à recevoir le fouet. Constance a permission d’être assise au rang des historiennes. Chaque vieille se tient à son couple, et Julie, nue, erre d’un canapé à l’autre, pour prendre les ordres et les exécuter sur-le-champ. Du reste, toujours de même, un fouteur par canapé. C’est en cet état que Desgranges commence ses récits. Dans un règlement particulier, les amis ont statué que, dans le cours de ce mois, Aline, Adélaïde, Augustine et Zelmire seraient livrées à la brutalité de leurs passions, et qu’ils pourraient au jour prescrit, ou les immoler seuls, ou inviter au sacrifice celui qu’ils voudraient de leurs amis, sans que les autres s’en fâchassent ; qu’à l’égard de Constance, elle servirait à la célébration de la dernière semaine, ainsi que cela sera expliqué en temps et lieu. Quand le duc et Curval, qui par cet arrangement redeviendront veufs, voudront, pour finir le mois, reprendre une épouse pour les fonctions, ils le pourront, en prenant dans les quatre sultanes restantes. Mais les piliers resteront