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tous ceux de l’un et l’autre sexe sur lesquels on avait quelque soupçon. En femmes on était sûr d’Augustine, de Fanny et de Zelmire : ces trois charmantes petites créatures, âgées de quatorze et quinze ans, déchargeaient toutes trois aux plus légers attouchements ; Hébé et Michette, n’ayant encore que douze ans, n’étaient pas même dans le cas d’être essayées. Il ne s’agissait donc, chez les sultanes, que d’éprouver Sophie, Colombe et Rosette, âgées, la première de quatorze ans et les deux autres de treize. Chez les garçons on savait que Zéphire, Adonis et Céladon lâchaient du foutre comme des hommes faits ; Giton et Narcisse étaient trop jeunes pour être essayés. Il ne s’agissait donc que de Zélamir, Cupidon et Hyacinthe. Les amis firent cercle autour d’une pile d’amples carreaux que l’on arrangea à terre ; Champville et Duclos furent nommées pour les pollutions ; l’une, en sa qualité de tribade, devait branler les trois jeunes filles, et l’autre, comme maîtresse en l’art de branler des vits, devait polluer les garçons. Elles passèrent dans la ceinture formée par les fauteuils des amis, et qu’on avait remplie de carreaux, et on leur livra Sophie, Colombe, Rosette, Zélamir, Cupidon et Hyacinthe, et chaque ami, pour s’exciter pendant le spectacle, prit un enfant entre ses cuisses. Le duc prit Augustine, Curval Zelmire, Durcet Zéphire et l’évêque Adonis. La cérémonie commença par les garçons, et Duclos, la gorge et les fesses découvertes, le bras nu jusqu’au coude, mit tout son art à polluer l’un après l’autre chacun de ces délicieux ganymèdes. Il était impossible d’y mettre plus de volupté ; elle agitait sa main avec une légèreté… ses mouvements étaient d’une délicatesse et d’une violence… elle offrait à ces jeunes garçons sa bouche, son sein ou ses fesses avec tant d’art, qu’il était bien certain que ceux qui ne déchargeraient pas n’en avaient pas encore le pouvoir. Zélamir et Cupidon bandèrent, mais on eut beau faire, rien ne sortit. Sur Hyacinthe, la révolution se fit sur-le-champ, au sixième coup de poignet : le foutre sauta sur son sein, et l’enfant se pâma en lui maniant le derrière ; observation qui fut d’autant plus remarquée que, de toute l’opération, il n’avait pas imaginé de lui toucher le devant. On passa aux filles. Champville, presque nue, très bien coiffée et élégamment ajustée du reste, ne paraissait pas plus de trente ans, quoiqu’elle en eût cinquante. La lubricité de cette opération de laquelle, comme tribade fieffée, elle comptait retirer le plus grand plaisir, animait de grands yeux noirs qu’elle avait toujours eus fort beaux. Elle mit pour le moins autant d’art dans sa partie que Duclos en avait mis dans la sienne : elle pollua à la fois le clitoris, l’entrée du vagin et le trou du cul ; mais la nature ne développa rien chez Colombe et Rosette ; il n’y eut pas même la plus légère apparence de plaisir. Il n’en fut pas ainsi de la belle Sophie : au dixième coup de doigts, elle se pâma sur le sein de Champville ; de petits soupirs entrecoupés, ses belles joues qui s’animèrent du plus tendre incarnat, ses lèvres qui s’entrouvrirent et se mouillèrent, tout prouva le délire dont venait de la combler la nature, et elle fut déclarée femme. Le duc, qui bandait extraordinairement, ordonna à Champville de la branler une seconde fois, et, à l’instant de sa décharge le