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d’hommes. L’opération se fit dans l’appartement des sultanes ; elles furent expédiées toutes les huit, et, après elles, Adélaïde, Aline et Cupidon, qui se trouvaient aussi tous trois sur la fatale liste. La cérémonie, avec les détails et tout le protocole d’usage en pareil cas, dura près de quatre heures, au bout desquelles on descendit au dîner, la tête très embrasée, et surtout celle de Curval qui, chérissant prodigieusement ces opérations, n’y procédait jamais sans la plus certaine érection. Pour le duc, il y avait déchargé, ainsi que Durcet. Ce dernier, qui commençait à prendre une humeur de libertinage très taquine contre sa chère femme Adélaïde, ne la corrigea pas sans de violentes secousses de plaisir qui lui coûtèrent du foutre. Après dîner, on passa au café ; on aurait bien voulu y offrir des culs frais, en donnant en hommes Zéphire et Giton et bien d’autres, si l’on l’eût voulu : on le pouvait, mais en sultanes c’était impossible. Ce furent donc tout simplement, suivant l’ordre du tableau, Colombe et Michette qui le servirent. Curval, examinant le cul de Colombe dont la bigarrure, en partie son ouvrage, lui faisait naître de très singuliers désirs, lui mit le vit entre les cuisses par-derrière, en maniant beaucoup les fesses ; quelquefois, son engin, revenant sur ses pas, heurtait comme sans le vouloir le trou mignon qu’il aurait bien voulu perforer. Il le regardait, il l’observait. « Sacredieu ! dit-il à ses amis, je donne deux cents louis tout à l’heure à la société si l’on veut me laisser foutre ce cul-là… » Cependant, il se contint, et ne déchargea même pas. L’évêque fit décharger Zéphire dans sa bouche, et perdit son foutre en avalant celui de ce délicieux enfant ; pour Durcet, il se fit donner des coups de pied au cul par Giton, le fit chier, et resta vierge. On passa au salon d’histoire, où chaque père, par un arrangement qui se rencontrait assez souvent, ayant ce soir-là sa fille sur son canapé, on écouta, culottes basses, les cinq récits de notre chère historienne.

« Il semblait que depuis la manière exacte dont j’avais acquitté les legs pieux de la Fournier, le bonheur affluât sur ma maison, dit cette belle fille : je n’avais jamais eu tant de riches connaissances. Le prieur des bénédictins, l’une de mes meilleures pratiques, vint me dire un jour qu’ayant entendu parler d’une fantaisie assez singulière, et que l’ayant même vu exécuter à un de ses amis qui en était entiché, il voulait l’exécuter à son tour, et il me demanda en conséquence une fille qui eût beaucoup de poils. Je lui donnai une grande créature de vingt-huit ans qui avait des touffes d’une aune, et sous les aisselles et sur la motte. “C’est ce qu’il me faut”, me dit-il. Et comme il était extrêmement lié avec moi et que nous nous étions très souvent amusés ensemble, il ne se cacha point à mes yeux. Il fit mettre la fille nue, à demi couchée sur un sofa, les deux bras élevés ; et lui, armé d’une paire de ciseaux très affilés, il se mit à tondre jusqu’au cuir les deux aisselles de cette créature. Des aisselles, il passa à la motte ; il la tondit de même, mais avec une si grande exactitude, que ni à l’un ni à l’autre des endroits qu’il avait opérés il ne semblait pas qu’il y eût jamais eu le plus léger vestige