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commettrait ; ce qui n’engageait à rien du tout, parce que le sujet qui venait en accuser un autre ignorait toujours où devait aller la punition dont on lui promettait de gagner moitié ; moyen en quoi il était très aisé de lui donner tout ce qu’on voulait donner, et de lui persuader encore qu’il avait gagné. On décida et l’on publia que la délation serait crue sans preuve, ensuite qu’il suffirait d’être accusé n’importe par qui pour être à l’instant inscrit. On augmenta, de plus, l’autorité des vieilles, et sur leur moindre plainte, vraie ou non, le sujet était condamné sur-le-champ. On établit, en un mot, sur le petit peuple toute la vexation, toute l’injustice qu’on pût imaginer, sûrs de retirer des sommes d’autant plus fortes de plaisirs que la tyrannie aurait été le mieux exercée. Cela fait, on visita les garde-robes. Colombe se trouva coupable ; elle s’excusa sur ce qu’on lui avait fait manger la veille entre ses repas et qu’elle n’avait pu y résister, qu’elle était bien malheureuse, que c’était la quatrième semaine de suite qu’elle était punie. Le fait était vrai, et il ne fallait en accuser que son cul, qui était le plus frais, le mieux tourné et le plus mignon qu’on pût voir. Elle objecta qu’elle ne s’était pas torchée, et que ça devait au moins lui valoir quelque chose. Durcet examina, et lui ayant effectivement trouvé un très gros et très large placard de merde, on l’assura qu’elle ne serait pas traitée avec autant de rigueur. Curval qui bandait s’en empara, et lui ayant complètement torché l’anus, il se fit apporter l’étron, qu’il mangea en se faisant branler par elle, et entremêlant le repas de force baisers sur la bouche et d’injonctions positives d’avaler à son tour tout ce qu’il lui rapportait de son propre ouvrage. On visita Augustine et Sophie, auxquelles il avait été recommandé, après leurs selles poussées de la veille, de rester dans l’état le plus impur. Sophie était dans la règle, quoiqu’elle eût couché chez l’évêque, ainsi que sa place l’exigeait ; mais Augustine était de la plus grande propreté. Sûre de sa réponse, elle s’avança fièrement, et dit qu’on savait bien qu’elle avait couché, suivant sa coutume, chez M. le duc, et qu’avant de s’endormir il l’avait fait venir dans son lit, où il lui avait sucé le trou du cul pendant qu’elle lui branlait le vit avec la bouche. Le duc interrogé dit qu’il ne se souvenait point de cela (quoique cela fût très vrai), qu’il s’était endormi le vit dans le cul de la Duclos, qu’on pouvait approfondir le fait. On mit à cela tout le sérieux et toute la gravité possible ; on envoya chercher Duclos qui, voyant bien ce dont il s’agissait, certifia tout ce qu’avait avancé le duc, et soutint qu’Augustine n’avait été appelée qu’un instant au lit de monseigneur, qui lui avait chié dans la bouche pour y revenir manger son étron. Augustine voulut soutenir sa thèse, et disputa contre la Duclos, mais on lui imposa silence, et elle fut inscrite, quoique parfaitement innocente. On passa chez les garçons, où Cupidon fut trouvé en faute : il avait fait, dans son pot de chambre, le plus bel étron qu’on pût voir. Le duc s’en empara et le dévora, pendant que le jeune homme lui suçait le vit. On refusa toutes les permissions de chapelle, et on passa au salon à manger. La belle Constance, qu’on dispensait quelquefois d’y servir à cause de son état, se trouvant bien ce jour-là, y parut nue, et son ventre, qui