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que ce fussent des verges : c’était un faisceau de houssines d’osier, dont il fallait barbarement lui déchirer les fesses. Dans le fait, cette affaire-ci sentant un peu la sodomie, je ne devais pas trop m’en mêler ; cependant, comme c’était une ancienne pratique de la Fournier, un homme véritablement attaché de tout temps à notre maison, et qui, par sa place, pouvait nous rendre quelque service, je ne fis pas la difficile, et ayant fait joliment déguiser un jeune garçon de dix-huit ans qui faisait quelquefois nos commissions et qui était d’une très jolie figure, je le lui présentai armé du faisceau d’osier. Rien de plus plaisant que la cérémonie (vous imaginez bien que je voulus la voir). Il commença par bien regarder sa prétendue pucelle, et l’ayant sans doute trouvée très à son gré, il débuta par cinq ou six baisers sur la bouche qui sentaient le fagot d’une lieue loin ; cela fait, il montra ses fesses, et ayant dans le propos toujours l’air de prendre le jeune homme pour une fille, il lui dit de les lui manier et de les pétrir un peu durement ; le petit garçon que j’avais bien instruit fit tout ce qu’on lui demandait. “Allons, dit le paillard, fouettez-moi, et surtout ne m’épargnez pas.” Le jeune garçon s’empare du paquet de gaules, laisser tomber alors d’un bras vigoureux cinquante coups tout de suite sur les fesses qui lui sont offertes ; le libertin, déjà vigoureusement marqué des cinglons formés par ces houssines, se jette sur sa masculine fouetteuse, il la trousse, une main vérifie son sexe, l’autre saisit avidement les deux fesses. D’abord, il ne sait quel temple il encensera le premier : le cul le détermine à la fin, il y colle sa bouche avec ardeur. Oh ! quelle différence du culte rendu par la nature à celui qu’on dit qui l’outrage ! Juste Dieu, si cet outrage était réel, l’hommage aurait-il tant d’ardeur ? Jamais cul de femme n’a été baisé comme le fut celui de ce jeune garçon ; trois ou quatre fois la langue du paillard disparut en entier dans l’anus. Se replaçant enfin : “Ô cher enfant ! s’écria-t-il, continue ton opération.” On reflagelle ; mais comme il était plus animé, il soutient cette seconde attaque avec bien plus de force. On le met en sang ; pour le coup son vit dresse, et il le fait empoigner avec empressement au jeune objet de ses transports. Pendant que celui-ci le lui manie, l’autre veut lui rendre un pareil service ; il trousse encore, mais c’est au vit qu’il en veut cette fois : il le touche, il le branle, il le secoue, et l’introduit bientôt dans sa bouche. Après ces caresses préliminaires, il se représente une troisième fois aux coups. Cette dernière scène le mit tout à fait en fureur ; il jette son Adonis sur le lit, s’étend sur lui, presse à la fois et son vit et le sien, colle sa bouche sur les lèvres de ce beau garçon, et, étant parvenu à l’échauffer par ses caresses, il lui procure le divin plaisir au même moment qu’il le goûte lui-même ; tous deux déchargent à la fois. Notre libertin, enchanté de la scène, tâcha de lever mes scrupules, et me fit promettre de lui procurer souvent le même plaisir, soit avec celui-là, soit avec d’autres. Je voulus travailler à sa conversion, je l’assurai que j’avais des filles charmantes qui le fouetteraient tout aussi bien : il ne voulut seulement pas les regarder. »