Page:Sade - Les 120 journées de Sodome (édition numérique).djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— Page 177 —

exactement un cuir bouilli, tant pour la couleur que pour la dureté de la peau. Après avoir un instant caressé, manié, entrouvert ce fessier raboteux, je m’empare des verges, et, sans les essuyer, je commence par lui en cingler dix coups de toutes mes forces ; mais non seulement il ne fit aucun mouvement, mais même mes coups ne parurent seulement pas effleurer cette inentamable citadelle. Après cette première reprise, je lui enfonçai trois doigts dans l’anus et je me mis à l’y secouer de toute ma force ; mais notre homme était également insensible partout : il ne frétilla seulement pas. Ces deux premières cérémonies faites, ce fut lui qui agit : je m’appuyai le ventre sur le lit, il s’agenouilla, écarta mes fesses, et promena sa langue alternativement dans les deux trous, lesquels, sans doute, d’après ses ordres ne devaient pas être très odoriférants. Après qu’il a bien sucé, je refouette et je socratise, lui se ragenouille et me lèche, et ainsi de suite au moins pendant quinze reprises. Enfin, instruite de mon rôle et me réglant sur l’état de son vit que j’observais sans le toucher, avec le plus grand soin, à l’une de ses genouillades je lui lâche mon étron sur le nez. Il se renverse, me dit que je suis une insolente, et décharge en se branlant lui-même et en jetant des cris que l’on eût entendus de la rue, sans la précaution que j’avais prise pour empêcher qu’ils ne pussent percer. Mais l’étron tomba à terre ; il ne fit que le voir et le sentir, ne le reçut point dans sa bouche et n’y toucha point. Il avait reçu au moins deux cents coups de fouet, et, je puis le dire, sans qu’il y parût, sans que son derrière racorni par une longue habitude en eût seulement la plus légère marque. »

« Oh ! parbleu, dit le duc voilà un cul, président, qui peut faire paroli au tien. — Il est bien certain, dit Curval en balbutiant, parce qu’Aline le branlait, il est bien certain que l’homme dont on parle a positivement et mes fesses et mes goûts, car j’approuve infiniment l’absence du bidet, mais je la voudrais plus longue : je voudrais qu’on n’eût pas touché d’eau au moins de trois mois. — Président, tu bandes, lui dit le duc. — Croyez-vous ? dit Curval. Ma foi, tenez, demandez-le à Aline, elle vous dira ce qui en est, car, pour moi, je suis si accoutumé à cet état-là que je ne m’aperçois jamais ni quand il cesse, ni quand il commence. Tout ce que je puis vous certifier, c’est que, dans le moment où je vous parle, je voudrais une putain très impure ; je voudrais qu’elle débouchât pour moi de la lunette des commodités, que son cul sentît bien la merde, et que son con sentît la marée. Holà, Thérèse ! toi dont la saleté remonte au déluge, toi qui, depuis le baptême, n’as pas torché ton cul, et dont l’infâme con empeste à trois lieues à la ronde, viens apporter tout cela sur mon nez, je t’en prie, et joins-y même un étron si tu veux. » Thérèse approche ; de ses appas sales, dégoûtants et flétris, elle frotte le nez du président, elle y pose de plus l’étron désiré ; Aline branle, le libertin décharge ; et Duclos reprend ainsi la suite de sa narration :