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inconnu ; mais on ne s’adressa qu’à elle, et elle accepta… De mes jours je ne l’ai revue. »

« Ni ne la reverrez, dit Desgranges ; la partie qu’on lui proposait était la dernière de sa vie, et ce sera à moi à dénouer cette partie-là du roman de cette belle fille. — Ah ! grand Dieu ! dit Duclos, une si belle fille, à vingt ans, la figure la plus fine et la plus agréable ! — Et ajoutez, dit Desgranges, le plus beau corps de Paris : tous ces attraits-là lui devinrent funestes. Mais poursuivez, et n’empiétons pas sur les circonstances. »

« Ce fut Lucile, dit la Duclos, qui la remplaça et dans mon cœur et dans mon lit, mais non pas dans les emplois de la maison ; car il s’en fallait bien qu’elle eût et sa soumission et sa complaisance. Quoi qu’il en soit, ce fut entre ses mains que je confiai peu après le prieur des Bénédictins, qui venait de temps en temps me faire visite, et qui communément s’amusait avec Eugénie. Après que ce bon père avait branlé le con avec sa langue, et qu’il avait bien sucé la bouche, il fallait le fouetter légèrement avec des verges, seulement sur le vit et les couilles, et il déchargeait sans bander, du seul frottement, de la seule application des verges sur ces parties-là. Son plus grand plaisir, alors, consistait à voir la fille faire sauter en l’air avec le bout des verges les gouttes de foutre qui sortaient de son vit.

« Le lendemain, j’en expédiai moi-même un, auquel il fallait appliquer cent coups de verges bien comptés sur le derrière ; précédemment il baisait le derrière, et, pendant qu’on le fessait, il se branlait lui-même.

« Un troisième voulut encore de moi quelque temps après ; mais il y mettait en tous les points plus de cérémonie : j’étais avertie de huit jours à l’avance, et il fallait que j’eusse passé tout ce temps-là sans me laver en aucune partie de mon corps, et principalement ni le con, ni le cul, ni la bouche ; que, du moment de l’avertissement, j’eusse mis tremper dans un pot plein d’urine et de merde au moins trois poignées de verges. Il arriva enfin ; c’était un vieux receveur des gabelles, homme fort à son aise, veuf sans enfants, et qui faisait très souvent de pareilles parties. La première chose dont il s’informa est de savoir si j’avais été exacte sur l’abstinence des ablutions qu’il m’avait prescrite ; je l’assurai que oui, et, pour s’en convaincre, il commença par m’appliquer un baiser sur les lèvres qui le satisfit sans doute, car nous montâmes, et je savais que si, à ce baiser qu’il me faisait, moi étant à jeun, il avait reconnu que j’eusse usé de quelque toilette, il n’aurait pas voulu consommer la partie. Nous montons donc ; il regarde les verges dans le pot où je les avais placées, puis, m’ordonnant de me déshabiller, il vient avec attention flairer toutes les parties de mon corps où il m’avait le plus expressément défendu de me laver. Comme j’avais été très exacte, il y trouva sans doute le fumet qu’il y désirait, car je le vis s’échauffer dans son harnais et s’écrier : “Ah ! foutre ! c’est bien cela, c’est bien cela que je veux !” Alors je lui maniai le derrière à mon tour ; c’était