Page:Sade - Les 120 journées de Sodome (édition numérique).djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— Page 175 —

faisait chier Augustine, lâcha l’écluse dans la bouche de cette malheureuse épouse du duc, en avalant la petite merde fraîche et délicate de l’intéressante Augustine. Les visites se firent ; Durcet trouva de la merde dans le pot de chambre de Sophie. La jeune personne s’excusa en disant qu’elle s’était trouvée incommodée. « Non, dit Durcet en maniant l’étron, ce n’est pas vrai : une selle d’indigestion est en foire, et ceci est un étron très sain. » Et prenant aussitôt son funeste cahier, il inscrivit dessus le nom de cette charmante créature, qui fut cacher ses larmes et déplorer sa situation. Tout le reste était en règle, mais dans la chambre des garçons, Zélamir, qui avait chié la veille aux orgies et à qui l’on avait fait dire de ne pas se torcher le cul, se l’était nettoyé sans permission. Tout cela était des crimes capitaux : Zélamir fut inscrit. Durcet, malgré cela, lui baisa le cul et s’en fit sucer un instant ; puis l’on passa à la chapelle, où l’on vit chier deux fouteurs subalternes, Aline, Fanny, Thérèse et la Champville. Le duc reçut dans sa bouche l’étron de Fanny et le mangea, l’évêque celui des deux fouteurs dont il en goba un, Durcet celui de Champville, et le président celui d’Aline, qu’il envoya, malgré sa décharge, à côté de celui d’Augustine. La scène de Constance avait échauffé les têtes, car il y avait longtemps qu’on ne s’était permis de telles incartades le matin. On parla morale au dîner. Le duc dit qu’il ne concevait pas comment les lois, en France, sévissaient contre le libertinage, puisque le libertinage, en occupant les citoyens, les distrayait des cabales et des révolutions ; l’évêque dit que les lois ne sévissaient pas positivement contre le libertinage mais contre ses excès. Alors on les analysa, et le duc prouva qu’il n’y en avait aucun de dangereux, aucun qui pût être suspect au gouvernement, et qu’il y avait, d’après cela, non pas seulement de la cruauté, mais même de l’absurdité, à vouloir fronder contre de telles minuties. Des propos on vint aux effets. Le duc, à moitié ivre, s’abandonna dans les bras de Zéphire, et suça une heure la bouche de ce bel enfant, pendant qu’Hercule, profitant de la situation, enfonçait au duc son énorme engin dans l’anus. Blangis se laissa faire, et sans autre action, sans autre mouvement que de baiser, il changea de sexe sans s’en apercevoir. Ses compagnons se livrèrent de leur côté à d’autres infamies, et l’on fut prendre le café. Comme on venait de faire beaucoup de sottises, il fut assez tranquille et ce fut peut-être le seul de tout le voyage où il n’y eut pas du foutre de répandu. Duclos, déjà sur son estrade, attendait la compagnie, et lorsqu’elle fut placée, elle s’énonça de la manière suivante :

« Je venais de faire une perte dans ma maison qui m’était sensible de toutes les manières : Eugénie, que j’aimais passionnément, et qui m’était singulièrement utile à cause de ses extraordinaires complaisances pour tout ce qui pouvait me rapporter de l’argent, Eugénie, dis-je, venait de m’être enlevée de la plus singulière façon. Un domestique, ayant payé la somme convenue, était venu la chercher, disait-il, pour un souper à la campagne, dont elle rapporterait peut-être sept ou huit louis. Je n’étais pas à la maison lorsque cela était arrivé, car je ne l’aurais jamais laissée ainsi sortir avec un